Je voudrais pas être mauvaise langue mais…

L’annonce de la tenue d’Etats Généraux organisés par ELLE sent sérieusement le déjà vu, voire le moisi.

D’abord, on a pu voir ici et ici tout le bien qu’on pense du torchon qu’est ELLE et qui fait semblant d’être féministe une fois de temps en temps pour rassurer son lectorat (et qui produit le genre de site qu’on peut voir ci-dessous ) :

"Le féminin absolu"? Mouais

Ensuite, rien que la citation de la directrice de ELLE, c’est tout un programme : « Il faut que les femmes reprennent la parole. Tout ne va pas si bien, on a un devoir de vigilance« , nous explique l’ultra lucide Valérie Toranian. Merci Valérie de nous ouvrir les yeux, mais dis moi, qu’est-ce qui t’as mis la puce à l’oreille : la chute des ventes de « lingeries rétro » (objet d’un sujet très détaillé sur le magazine), ou le fait que malgré tout le Botox mental et les oreillers en soie (voire notre article « les féminins ») que tu t’imposes, de petites pattes d’oies apparaissent aux coins de tes yeux ?

Roselyne Bachelot n’y va pas non plus avec le dos de la cuiller à nutella : « Je suis d’une famille de militants féministes, c’est l’un des fils rouges de mon combat politique, donc chaque fois qu’il y a des femmes qui sont là pour militer, je suis à leurs côtés« . Entre nous, ça doit être le seul symbole politique rouge qui ait jamais animé le combat politique de Roselyne, mais passons.

Les Etats Généraux organisés par ELLE, ça sent quand même l’hôtesse d’accueil moulée dans son tailleur taille 36, les fausses bonnes intentions à la « pensez-vous que les femmes aujourd’hui sont victimes de discriminations?  » (mais non Jeannon), et les piles de magazines ELLE partout, qui font l’apologie de la bonne ménagère épanouie (et sexy, bien sûr).

Je suis justement plongée dans la lecture des textes premiers du MLF (que je vous recommande chaudement), dont une des premières actions a été de parasiter les Etats Généraux organisés par ELLE en 1970. Morceaux choisis du questionnaire de ELLE, revu et corrigé par les féministes, pour vous donner une idée du niveau des questions posées par ELLE (tiré de Politique Hebdo n°9, 3 décembre 1970).

ELLE : Estimez-vous qu’en amour les hommes et les femmes ont aujourd’hui réellement les mêmes droits et les mêmes devoirs ?
Est-ce que ces droits et ces devoirs sont une invention :
Du journal ELLE
De Marcel Dassault
De Pinocchio
Ou de Dieu?

ELLE : A votre avis, les femmes sont elles :
plus douées
moins douées
aussi douées que les hommes pour conduire une voiture?
A votre avis, le double chromosome X contient-il ou non les gènes du double débrayage?

ELLE : Si vous aviez à choisir, préféreriez-vous être :
Une femme qui laissera son empreinte dans l’époque où elle vit
Une femme obscure mais ayant atteint le bonheur familial et conjugal?
Si vous avez laissé votre empreinte dans l’Histoire ou si vous sentez que vous allez le faire, retournez à la case zéro et rendez votre mari, vos enfants et votre bonheur conjugal.

Merci ELLE pour ce brillant exercice de marketing, mais pour les Etats Généraux de la Femme organisé par un magazine aussi fin, on repassera.

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Les féminins…

Quelle joie, je viens de recevoir le dernier Elle (13 novembre 2009)! Le meilleur magazine féminin français parait-il, celui qui doit m’apprendre à devenir une femme comme il faut avec ses jolis zhabits importables et trop chers, son lot de recettes de cuisine diet, et ses bons plans pour être une bonne citoyenne écolo…

Youpi youpi…

Bon, plus sérieusement, il y a belle lurette que je ne lis quasiment plus cette petite merveille dont les numéros s’empilent sur un coin de table (on sait jamais dans 30 ans ça pourrait valoir un petit paquet de sous, et comme tout le monde, je m’en fais pour ma retraite…). Tout s’implement parce que ce magazine est – n’ayons pas peur des mots – un immonde torchon scandaleux bourré d’infos inutiles, qui participe joyeusement à l’aliénation de la femme. Le sujet n’est ni très original, ni bien nouveau, je l’avoue… mais n’en fini pas de m’étonner.

Voyons voyons, qu’avons nous au somaire aujourd’hui:

– « Polémique: faut-il remettre des bas? »

Bravo! ELLE à réussi à soulever le sujet crucial qui nous empêche toutes de dormir, il était temps que quelqu’un s’en charge parce que vraiment, depuis quelque temps, je ne savais vraiment plus à quel saint me vouer! Alors le bas, c’est rock ou c’est un symbole de domination masculine? Uh? Bon j’ai ma petite idée sur la question… mais si je puis me permettre, ce n’est pas vraiment la question.

La question donc, est la suivante: on s’en foutrait pas un peu non?

Je ne sais pas, aux dernières nouvelles, il me semblait qu’il y avait dans l’actualité, suffisamment de matière pour pondre des débats autrement moins débiles. Tiens par exemple, l’élaboration d’un projet de loi commandé par Xavier Darcos, sur l’égalité des hommes et femmes en entreprise par exemple, avec l’idée d’une introduction de quotas aux postes dirigeants, c’est pas une question polémique ça? Bon et puis, il me semblait vaguement qu’il y avait quelques guerres dans le monde, et puis une petite crise économique qui a mis tout le monde sur la paille… Enfin peut-être que je me trompe, ne faites pas attention…

Comment espérer un peu de considération de la part de nos amis mâles quand les magazines supposés traiter de ce qui concerne les femmes affichent ce genre de bêtises en couverture. Le message: nous les femmes, on ne s’intéresse ni à la politique, ni à l’économie, on préfère vénérer des porte-manteaux anorexiques vêtus de frusques hors de prix en se demandant si oui ou non, on va passer pour des grosses teupu si on sort les porte-jaretelles.

Mais continuons notre lecture c’est très enrichissant.

-« Les 20 secrets anti-âge des meilleurs dermatos »

Ah chouette, ELLE va me permettre d’éviter de devenir toute vieille et toute ridée ! Après tout, pourquoi pas, il n’y a rien de mal à ne pas vouloir devenir un vieux pruneau moisi que votre mari s’efforcera d’oublier avec une jeune Clémentine de 22 ans aux joues fermes (et pas que les joues…).

Sauf que, vu les conseils à la noix, je m’en serais gentiment passé…

Conseil n°6: Commencez le Botox dès l’âge de 30 ans. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH, oh mon Dieu, je vous jure c’est vraiment écrit. Elles ont osé! Ca se dispense de commentaires.

Conseil n°9: Dormez sur un oreiller de satin: « Plus lisse que le coton, le satin réduit les frottements qui traumatisent la peau du visage et finissent par y imprimer des plis permanents. Et bien-sûr, c’est encore mieux si on dort sur le dos pour ne pas froisser ses joues. »  Encore une fois, je crois qu’il n’y a rien à ajouter…

Conseil n°8: Pratiquez le Botox mental: « Chaque jour, fermez les yeux et prenez le temps de visualiser les muscles de votre visage. Ca y est? Détendez-les l’un après l’autre comme avec une séance de botox imaginaire. C’est un vrai moyen de retarder l’étape des injections, ça n’à l’air de rien mais ça marche« . Non mais on nous prendrais pas pour des grosseuh connes par hasard là? Et puis en plus « retarder l’étape des injections » c’est super, mais ça part quand même du postulat que j’envisage un jour de me faire des injections. C’est une étape obligée, c’est ça? Pour ELLE, toute femme digne de ce nom a pour devoir de neutraliser ses immondes rides?

Conseil numéro 7: Ados: banissez la junkfood. Trop tard et je vous merde.

Conseil n°19: Buvez de l’huile d’olive et du citron tous les matins. Oh ben oui, avec mes spécial K, je sens que ça va me mettre de super humeur pour commencer la journée tiens, c’est sûr que les aigreurs d’estomac, ça décrispe le visage à fond.

Bon j’aurais pu vous en dire un peu plus sur le nouveau combat de Carla Bruni-Sarkozy pour envoyer des jeunes de Zep faire carrière dans les métiers de l’art, mais je crois que ce poste deviens trop long et il faut que je peigne mes dessous de bras là. Enfin tout ça pour dire que bon, les magazines féminins nous font passer pour des demeurées. Et le pire, c’est que ça tue des pauvres arbres.

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